Le 24 juin 1843,
Sous l’impulsion de Ludger Duvernay et de la Société Saint-Jean-Baptiste [SSJB], on offre aux Montréalais leur toute première « parade » de la Saint-Jean. Les célébrations comprennent aussi un banquet, une messe et la distribution de pain bénit — une tradition qui remonte à la Nouvelle-France. Pour l’occasion, les magasins et les maisons arborent les symboles choisis par la SSJB : la feuille d’érable et le castor.
On peut parler d’une « procession », tant l’événement revêt les habits de l’Église catholique. Rapidement, on parlera davantage d’une « parade », car c’est à une procession de chars allégoriques que l’on assiste, désormais. Chaque char aura son thème et — fait nouveau pour l’époque — chacun sera payé par une entreprise… appelée « donateur ».
Ce sont des « chars » à proprement parler, tirés par des chevaux, avec des figurants déguisés qui jouent des personnages d’époque, dans un décor théâtral, fait de tissus et de plâtre.
Fin des années 1920, et jusqu’en 1950, le Défilé débute au parc La Fontaine pour se terminer avenue Atwater, dans l’Ouest. Puis il s’étendra, jusqu’en 1961 du Jardin botanique jusqu’à l’avenue Atwater — un trajet de près de 10 km !
En 1934, pour le centenaire de la SSJB, on annonce quatre points de ralliement : parcs La Fontaine, Lalancette, Jarry, Campbell. Le journal La Patrie parle d’une assistance d’au moins 500 000 personnes et du défilé comme étant un « déploiement sans précédent ».
C’est sûrement sans précédent, sachant que la population de Montréal en 1934 est d’environ… 850 000 personnes !
Toutes ces années, le « clou » du spectacle est bien entendu le char du petit Saint-Jean-Baptiste. Car c’est toujours un jeune garçon déguisé en berger, blond bouclé comme ses moutons, qui ferme la parade. Dans les années 1960, la montée du mouvement nationaliste québécois change beaucoup de choses — et pas que les thèmes des défilés ! En 1963, par exemple (et pour la première fois, le Défilé a lieu la nuit), on « kidnappe » le mouton du char du petit Saint-Jean- Baptiste pour protester. Heureusement, on le ramène en soirée. Mais cela sera la dernière apparition du jeune garçon bouclé : l’année suivante, c’est une statue haute de 3 m (en papier mâché) qui représente Saint-Jean-Baptiste.
Fin des années soixante, le Québec se fait « soixante-huitard » et des émeutes éclatent pendant le Défilé. On abandonne la « parade » plus d’une décennie. Le Défilé reviendra en 1981, sur le long parcours de la rue Sherbrooke reliant l’avenue Atwater au boulevard Viau, sous le thème « Les forces vives du Québec », avec quinze chars créés par l’artiste Claude Lafortune, maître du papier. Une édition acclamée de tous.
Baladé entre les référendums québécois de 1980 et de 1995, le Défilé prendra des allures fermement nationalistes, à la fin du siècle et donnera lieu à des rassemblements regroupant des centaines de milliers de personnes. Depuis, l’événement a retrouvé son côté nette- ment festif, où les familles viennent nombreuses assister — et puis suivre — le Défilé Un moment pour les Québécois de toutes les origines de se souvenir de leur histoire, de souligner leurs fiertés et de se rassembler dans l’harmonie et la fraternité.