Discours patriotique d’Antoine Bertrand à la Fête nationale du Québec à Montréal – 24 juin 2025

Eric Naveteur2025, Nouvelles, spectacle 2025

Le 24 juin 2025, à 21 h 25, au parc Maisonneuve, Antoine Bertrand s’apprête à monter sur la scène du Grand spectacle pour prononcer le discours patriotique qu’il a préparé en collaboration avec Dominic Tardif. À ce moment-là, peu de personnes, même au sein de l’équipe, en connaissent la teneur. Ce texte, écrit pour souligner les 50 ans de la première interprétation publique de Gens du pays, restera gravé au plus profond de notre mémoire collective.

Texte : Antoine Bertrand en collaboration avec Dominic Tardif

Paroles 

Mesdames et messieurs, attention
je vais vous faire une chanson.
Gens du pays, c’est votre tour,
de vous laisser parler d’amour.

Que tu te parfumes à la térébenthine
ou que tu courailles la rue Sainte-Catherine,
envoye, embarque ma belle
dans un grand Boeing bleu de mer ou sur les ailes d’un ange,
envoye, embarque ma belle, je t’emmène n’importe où
pour une danse à Saint-Dilon, à Paquetville ou à Kooloo Kooloo.

Partons, la mer est belle,
le cul su’l bord du cap Diamant, les pieds dans l’eau du Saint-Laurent,
on va aller voir :
la coop, le gaz bar, la caisse pop, le croque-mort et le magasin général.
On va s’aimer encore
dans un bureau en haut d’une tour,
ou ben chez mon arrière-arrière-grand-père.

Car même si je rentre à Montréal,
même si des fois je rêve à Rio,
ou que je voudrais voir New York,
j’ai eu ben du fun à Jonquière.

Mais… tension, attention !
Ne tuons pas la beauté du monde.
Les temps sont fous et les quatre saisons sont dans le désordre.
On prend la terre pour une poubelle.
Coupe sombre, coupe à blanc, coupe Grey,
alouette je te plumerai !
La petite grenouille dit au crapaud :
vous nous avez monté un beau grand bateau.

Tension, attention !
Je vois toute l’Amérique qui pleure dans mon rétroviseur.
Notre ennemi est arrogant et silencieux,
y s’câlisse ben d’savoir si chu jeune ou si chu vieux.
La trentaine, la bédaine,
Les morveux, l’hypothèque.
Bobette, branlette, canette, Ginette.

Ainsi va la vie qui va !
Ainsi va la vie qui va ?

Si c’est ça le Québec moderne, ben moi j’mets mon drapeau en berne.
Karl ? C’est-tu la fin du show ?
Karl ? C’est-tu la fin du show ?

Oh non !
J’lâche pas,
j’attends pas de crever.
J’lâche pas,
moi j’sais où je m’en vas !

Je suis de moins en moins peace and love,
Y a des bonnes chances que ça r’vole !
À soir faut qu’ça brasse !

Heille ! Ma gang de malades ! Vous êtes donc où ?
La dame en bleu,
mes chums de filles,
le géant Beaupré,
la bartendresse,
ma petite Julie,
ma’m Brière,
mon chum Rémi,
mon Ron,
mon voisin d’en haut, le rastaman,
Marie-Stone,
Billy, j’te veux dans ma vie,
Bozo les culottes,
mon Joe, Marie-Noël,
Caroline,
Bobépine !

Pis bienvenue à tous les nouveaux venus,
y a d’la place en masse dans mon jacuzzi !

Lavi a pa fasil se pou sa nou rasanble !

J’ai besoin de toi c’est tout, j’ai besoin de nous, c’est comme ça,
que tu sois de Grand-Mère près du Saint-Maurice,
ou que ta grand-mère vienne des îles Maurice,
que tu sois de Métis près du Saint-Laurent,
ou que t’aies du sang cent pour cent métis.

Tshinanu, tshinanu !
Nous n’sommes pas pareils,
et pis pourtant,
on s’émerveille au même printemps.

Mais ce soir, j’ai l’âme à la tendresse, malgré le frette et les barbares.
J’veux d’l’amour, pis tout d’suite, tout d’suite !
Parce qu’icitte au Québec, tout commence par un Q pis finit par un bec.

Moi, je n’me défile pas, j’te dis je t’aime,
parce que le cœur devient moins lourd quand on est en amour.
Québec love, j’t’aime comme un fou, j’t’aime tout court,
you make me feel good !

T’es belle, ma fleur de lyse,
donne-moi ta bouche,
comme tu voudras,
comme bon te semblera.

Un peu plus haut, c’est beau
un peu plus loin, prends ma main,
dis-moi qu’on est deux ma belle et qu’y a ta voix qui m’appelle.

Le temps que l’on prend pour dire je t’aime est le seul qui reste au bout de nos jours,
alors, pour un instant,
aimons-nous quand même,
aimons-nous jour après jour,
aimons-nous, je t’aime,
et les soldats seront troubadours.