
Photo : Jean-Charles Labarre
Gens du pays
Depuis des années et bien des anniversaires, je m’étais mis en l’idée d’un bout de chanson pour décoloniser enfin, une journée mémorable à chacun et à tout le monde : La célébration du jour de la naissance. Inutile de parler ici des traductions toujours maladroites de la rengaine populaire de nos voisins ? Et une suggestion provocatrice de notre ami Yvon m’en a fourni le véritable prétexte ! Yvon a suggéré de quoi en provoquer la réflexion : « On devrait intituler la fête de la Saint-Jean : HAPPY BIRTHDAY ! », on a tous éclaté de rire… Alors, sans vérifier avec lui ce qu’il entendait par là, je me suis dit : c’est le temps d’écrire ma chanson.
Et comme c’était prévu que nous allions travailler ensemble, je me suis dit : « À qui d’autre parler de mon idée ? » Et j’ai dit mon idée à Louise et Yvon ! Ils ont été tout de suite enthousiastes : « Alors t’es mieux de commencer tout de suite » a dit Louise et Yvon : « Crois-tu que t’as l’temps ? » Un tel défi devant deux pros est la meilleure provocation que je connaisse. Et j’ai commencé là avec le refrain que je leur ai demandé d’apprendre sur place : Gens du pays… C’est votre tour… Yvon a dit : « On
a eu cent ans pour apprendre l’autre, y vont apprendre ça en cinq minutes. »
Je dois dire que ça me faisait moins peur. Je crois me souvenir qu’on l’a essayé une fois avec l’équipe : gars de la sonorisation, les éclairages et nous ! Avec deux pros qui m’accordaient confiance… Ça marchait !
Louise a dit : « Reste plus qu’à faire les couplets… » Bien, j’ai dit : « Je vais aller faire le premier couplet… vous ferez les deux autres… En tout cas, on commence ! On verra à mesure… »
Le lendemain je suis revenu avec le deuxième couplet, Louise a dit : « Gilles t’as commencé, ça va bien, finis ton ouvrage… C’est toi qui as eu l’idée… finis ça. »
Je n’avais pas trop le choix… et le lendemain soir, on l’a essayé avec la foule : un chœur de 100 000 personnes… et plus ! Les deux m’applaudissaient… Ç’a marché.
La confiance qu’ils m’avaient montrée tous les deux et la réponse de la foule m’avaient convaincu… J’avais fait ma chanson… Je ne savais pas comment les remercier et ils riaient.
C’est toi qui as parti ça… continue, ça marche !... Qu’est-ce qu’il te faut de plus ? Le premier couplet est beau et résume toute l’affaire… Et dans ton deuxième la montagne va bien voir que tu parles d’elle… Elle va répondre… ».
Quand on a senti la foule répondre, nous savions tous les trois que ça pouvait se faire en FRANÇAIS…
— Gilles Vigneault,
28 mars 2025